Les crises d’hyperphagie sont incontrôlables et terrifiantes. Les personnes qui en souffrent ne se reconnaissent plus.
Cet article explore ce que sont les crises d’hyperphagie et quelles en sont les causes.
Vous y trouverez plusieurs conseils psychologiques pour reprendre le contrôle sur ce comportement inquiétant et y mettre fin pour de bon.
Nous verrons également comment déterminer si les crises d’hyperphagie révèlent un trouble des conduites alimentaires.
Une crise d’hyperphagie consiste à consommer de grandes quantités d’aliments (souvent mauvais pour la santé) en peu de temps (moins de deux heures). On mange bien au-delà de la satiété, sans même avoir faim et sans réfléchir. Il s’agit d’un comportement automatique et impulsif.
Il semble difficile, voire impossible, d’arrêter de manger. On perd le contrôle de soi-même. La prise alimentaire s’accompagne d’une grande agitation. On cherche à étouffer cette gêne au plus vite.
Les crises d’hyperphagie se produisent généralement en cachette et dans la solitude, car elles suscitent un profond sentiment de honte et de culpabilité.
Souvent, on anticipe la crise en achetant des aliments spéciaux tels que des biscuits, des bonbons, des gâteaux, des glaces, des frites, des pizzas , des chips, etc.
Nous avons déjà vu que manger est un comportement fortement lié aux émotions dans un article précédent. Les dérèglements du comportement alimentaire sont révélateurs de votre état psychologique.
Même si vos crises d’hyperphagie semblent sortir de nulle part, quand on y réfléchit un instant, on se rend compte qu’elles n’ont rien de surprenant. Ce comportement est même tout à fait prévisible :
Tout d’abord, un régime trop strict peut entraîner des baisses de motivation temporaires. Quand on se prive trop longtemps, on se jette sur tout ce qui est interdit.
Les personnes qui suivent régulièrement des régimes et font le yoyo ont souvent un rapport problématique avec la nourriture. Pour elles, la nourriture est un stimulant. Cela les empêche d’avoir un rapport apaisé avec la nourriture et de prendre du plaisir à manger. Pour les personnes au régime, la nourriture est une source de préoccupation constante. Elles s’interrogent en permanence sur ce qu’elles peuvent manger ou pas. Au lieu de vous jeter dans des régimes draconiens, optez pour de bonnes habitudes alimentaires et privilégiez les aliments sains, savoureux et nourrissants.
Une crise d’hyperphagie peut également être provoquée par une émotion vécue comme trop intense ou incommode et que l’on cherche à apaiser.
Après tout, une émotion est une sensation qui se traduit par différent signaux physiques. Le corps la ressent avant qu’on ne puisse la nommer. Les personnes qui souffrent de crises d’hyperphagie ont du mal à faire ce dernier pas, et restent avec une sensation de malaise indéfinie.
Notez qu’il peut s’agir autant d’émotions positives que d’émotions négatives :
Vos excès alimentaires pourraient également être une façon pour vous de gérer le stress. La mastication entraine une diminution des taux d’adrénaline et de cortisol.
Saviez-vous qu’on oublie plus facilement ses bonnes résolutions quand on est fatigué ? En effet, manger implique deux parties du cerveau :
Les crises d’hyperphagie sont pour beaucoup un moyen de faire face à un sentiment de vide et d’ennui.
Souvent, ce sentiment n’est que la partie visible de l’iceberg. Il dissimule souvent un déni des émotions et des pensées indésirables. Par exemple, certaines personnes n’ont pas de but défini dans la vie, et ont l’impression que tout est dénué de sens, sans pouvoir vraiment mettre le doigt dessus.
Pour d’autres, c’est un automatisme, quelque chose que l’on fait sans réfléchir car la nourriture est là, à portée de main. Manger permet de s’occuper et de se sentir moins vide et inutile.
Les compulsions alimentaires peuvent être liées à une habitude acquise pendant l’enfance. Où les bonbons récompensaient les bonnes conduites, et où l’on mangeait pour « prendre soin de soi ».
Manger provoque la libération de dopamine, l’hormone du bonheur. Cela procure une sensation de bien-être.
Les crises d’hyperphagie peuvent également être une habitude de longue date s’inscrivant dans un trouble des conduites alimentaires ou d’autres problèmes psychologiques (dépression, bipolaire, trouble de la personnalité limite, dépendance). Aussi, 80 % des personnes souffrant d’hyperphagie boulimique souffrent d’un autre trouble psychologique (source, source).
Dans un article précédent, nous vous avions fait part de conseils pratiques et comportementaux pour arrêter de manger ses émotions. Mais pour mettre définitivement fin à un comportement indésirable, il faut se pencher sur la cause de ce comportement. Et s’attaquer à ce problème à la racine.
Vous devez comprendre vos schémas comportementaux et les facteurs qui influencent votre conduite, afin de pouvoir mieux les gérer.
Cela demande du courage et du travail. Après tout, si tout était si facile et évident, vos compulsions alimentaires ne vous causeraient pas une telle souffrance.
Les conseils ci-dessous devraient vous être utiles :
Comme nous l’avons vu dans des articles précédents, la première étape consiste à tenir un journal alimentaire et émotionnel dans lequel vous écrirez quand vous mangez, ce que vous mangez et en quelles quantités et comment vous vous sentez. Cet exercice est très éclairant, car très souvent, nous avons tendance à oublier ce que nous mangeons et grignotons entre les repas, et en quelles quantités. Un journal alimentaire fournit des informations objectives.
Examinez vos compulsions alimentaires en vous posant ces 3 questions simples :
Ces questions vous permettront d’y voir plus clair dans vos comportements.
L’analyse comportementale ci-dessus vous permettra d’y voir plus clair dans vos schémas comportementaux. Cela vous permettra d’avoir plus de contrôle sur une situation qui semble vous échapper. Mieux comprendre permet de chercher des solutions. Le seul fait de faire quelques petits changements à votre schéma vous permettra de vous en libérer.
Vous pouvez changer la situation ? Formidable ! Déterminez quelle est la meilleure approche et lancez-vous !
Vous ne pouvez pas changer la situation ? Dans ce cas, recherchez d’autres solutions plus saines pour gérer les sentiments difficiles.
Après avoir analysé votre comportement alimentaire à plusieurs reprises, vous aurez une meilleure idée de la cause de vos crises d’hyperphagie et de vos compulsions alimentaires.
Ce n’est que lorsque vous aurez une vision claire de tous les facteurs qui causent et contribuent à votre comportement que vous pourrez y remédier pour de bon. De même, en comprenant vos déclencheurs et en les éliminant, vous pourrez opérer un changement de comportement durable.
Voici des compétences qui peuvent être utiles d’acquérir pour mieux faire face aux rechutes, à de mauvais mécanismes d’adaptation ou à des schémas comportementaux incontrôlables :
Mieux gérer les situations difficiles
Gestion des émotions
Gestion du stress
Lutter contre l’ennui
Tout changement de comportement est difficile et prend du temps. Il y aura forcément des hauts et des bas. Faites preuve de gentillesse et de patience envers vous-même.
N’oubliez pas de vous féliciter de temps en temps. Célébrez vos succès. Dans la mesure du possible, essayez de penser positivement. Vous rabaisser ne vous aidera pas à soigner votre hyperphagie. Au contraire.
Vous livrer à des excès alimentaires occasionnels ou avaler deux paquets de biscuits d’une traite représente peut-être une crise d’hyperphagie pour vous. Cependant, il faut savoir distinguer les crises d’hyperphagie occasionnelles de l’hyperphagie boulimique ou de la boulimie.
Ces deux troubles des conduites alimentaires se distinguent des frénésies alimentaires occasionnelles sur les points suivants :
Chez les boulimiques, les crises sont suivies de comportements compensatoires (vomissements ou prise de laxatifs), censés éliminer l’excès de calories ingurgitées.
Ce comportement compensatoire est absent chez les personnes atteintes d’hyperphagie boulimique, ce qui explique que la moitié d’entre elles sont obèses (source).
Pour ces deux troubles du comportement alimentaire, un traitement est généralement nécessaire.
Aux États-Unis, l’hyperphagie boulimique est le trouble des conduites alimentaires le plus courant. Bien qu’il affecte généralement les femmes, il s’agit du trouble des conduites alimentaires le plus fréquent chez les hommes.
Certaines circonstances augmentent les chances de développer un trouble des conduites alimentaires :
Une crise d’hyperphagie indique un déséquilibre. C’est un automatisme qui signale que quelque chose ne va pas bien. Que vous devez travailler à retrouver un plus grand équilibre.
Tout comme les émotions et les habitudes déterminent votre comportement de façon inconsciente, elles déterminent également votre comportement alimentaire.
D’où l’intérêt de commencer par prendre conscience de votre comportement alimentaire et de vos émotions. Cela vous permettra d’analyser vos habitudes alimentaires. Ensuite, examinez si vous pouvez faire face à la situation problématique ou s’il est préférable que vous cherchiez d’autres solutions pour faire face aux émotions difficiles.
Mieux comprendre vos déclencheurs et tous les facteurs d’influence vous sera d’une grande aide pour soigner l’hyperphagie.
Cependant, les personnes qui veulent établir un changement de comportement durable doivent également s’attaquer aux causes de l’hyperphagie. S’agit-il d’une baisse de motivation temporaire dans le cadre d’un régime trop strict ? Dans ce cas, le mieux est que vous instauriez une routine alimentaire saine et réaliste.
Vous mangez en excès pour tenter de gérer le stress ou de réguler vos émotions ? Dans ce cas, lisez nos conseils à ce sujet.
Vous mangez par ennui ou par mauvaise habitude ? Dans ce cas, essayez de remédier à ce sentiment de vide ou d’ennui.
Vos crises d’hyperphagie ont pris le dessus ? Ou elles d’inscrivent dans le cadre d’un autre problème psychologique ? Dans ce cas, un professionnel pourra vous aider à soigner l’hyperphagie plus rapidement et plus durablement.